Insectes 17 n°133 - 2004 (2)
Les Noctuelles Heliotis armigera et H. peltigera
année, a atterri à Barenton le 28 juin
afin de fêter avec nous la nuit des pa-
pillons ! En août, un de ses congé-
nères a choisi Carolles comme étape
avant de poursuivre son voyage jus-
qu’au cercle polaire.
LES NOCTUELLES
Certaines noctuelles peuvent égale-
ment se montrer de remarquables
migratrices, capables de traverser la
France en quelques jours. Heliothis
peltigera Denis & Schiffermüller et
Heliothis armigera Hübner font habi-
tuellement des visites sporadiques :
cet été elles ont littéralement colo-
nisé la région. Endémiques en
Afrique, elles y sont un fléau pour
les cultures. La Noctuelle ponctuée,
Mythimna unipuncta Haworth, peut
survivre aux hivers doux. Malgré
cela, elle avait été peu observée jus-
qu’à présent. Au cours des mois de
septembre et octobre, nous l’avons
rencontrée à Carolles, Genêts et
Saint-Loup. La Noctuelle gamma,
Autographa gamma Linné, est habi-
tuellement très commune tous les
ans dans la Manche mais, cet été,
les populations indigènes s’ajoutant
aux flux migratoires ont produit une
véritable invasion ! Ainsi nous
avons pu voir des centaines d’indivi-
dus à la lampe, le soir du 15 août à
Genêts. Lacanobia splendens Hübner,
Macdunnoughia confusa Stephens,
Peridroma saucia Hübner, Agrotis ip-
silon Hufnagel, familiers de notre
région, ont profité de la chaleur
pour arriver en masse.
LES PETITES ESPÈCES
Les petites espèces, plus frêles, doi-
vent profiter des vents et des courants
pour effectuer leurs déplacements.
■ les Géomètres
Parmi les Géomètres, seulement
deux espèces fréquentent notre ré-
gion. La Vestale, Rhodometra sacra-
ria Linné, nous vient d’Afrique du
Nord, il présente une forme jaune
barrée de brun et une superbe
forme rose. Orthonoma obstipata
Fabricius, espèce cosmopolite très
polyphage fait des incursions
chaque année toujours en petit
nombre. Cette saison, on les re-
trouve, à peine plus nombreux que
d’habitude.
■ Les Pyrales
Les microlépidoptères, essentielle-
ment des pyrales, ont la faculté de
se déplacer sur de grandes dis-
tances. La Pyrale de la luzerne,
Nomophyla noctuella Denis &
Schiffermüller, envahit les champs
de graminées tandis que Udea fer-
rugalis Hübner se montre plus dis-
crète. Palpita unionalis Hübner, ma-
gnifique Pyrale d’un blanc pur,
orné d’un fin liseré brun, a une
grande aire de répartition.
Pourtant, nous ne l’avons observé
que deux fois dans la Manche.
■ Les lépidoptères diurnes
La migration des lépidoptères
diurnes est un phénomène connu
et étudié. Qui n’a pas entendu par-
ler des pérégrinations du célèbre
Monarque ? Un autre Nymphalidé,
la Belle-dame, Cynthia cardui
Linné, dont les effectifs sont va-
riables selon les années, a été parti-
culièrement présent cette année.
La Vestale
Orthonoma obstipata
La Pyrale de la luzerne
Elle a été très précoce et on a pu la
voir butiner sur les buddleias jus-
qu’au début octobre. De la même
famille, le Petit nacré, Issoria latho-
nia Linné, nous visite régulière-
ment. L’Azuré porte-queue,
Lampides boeticus Linné, est un
charmant Lycène amateur de légu-
mineuses et grand migrateur. Il est
autochtone en Afrique du Nord et
en Europe méridionale. Sa der-
nière apparition dans la Manche
datait de 1989, à Carolles. Au mois
d’août, notre collègue G. Besnoit le
voit en grand nombre à Saint-Lô.
En septembre, une femelle se re-
pose en pleine ville, à Avranches.
Si l’on commence à mieux com-
prendre le phénomène migratoire,